A New York, Kaspar Villiger plaide pour le dialogue
Au Forum économique mondial, le président de la Confédération défend la globalisation. Tout en prônant le dialogue.
Avec le déplacement du Forum, le décor a évidemment changé. Aux montagnes des Grisons ont succédé les gratte-ciel de Manhattan.
Mais la tradition subsiste. A la réunion annuelle des «leaders globaux», c'est au président de la Confédération helvétique que revient le privilège de prendre le premier la parole.
Face à quelque 3000 grands de ce monde (patrons, ministres, chefs d'Etat ou de gouvernement), Kaspar Villiger s'est livré jeudi à une défense de l'ouverture économique et de la globalisation.
«C'est une chance à saisir, estime le président. La mondialisation a sorti des millions de gens de la pauvreté.»
Une conviction, d'ailleurs, bien illustrée par la Suisse elle-même. Un petit pays très dépendant de ses exportations. «Sans débouchés sur les marchés mondiaux, avoue Kaspar Villiger, nous ne pourrions pas maintenir notre prospérité.»
Et le conseiller fédéral d'ajouter: «il n'y a pas de solution convaincante pour remplacer la mondialisation».
Le devoir de dialogue
Kaspar Villiger admet toutefois que le phénomène a «des côtés sombres». Raison pour laquelle il faut chercher à «renforcer les bons côtés de la mondialisation, tout en atténuant ses effets négatifs».
Pour le président de la Confédération, il faut par exemple établir des règles internationales strictes, encourager l'avènement d'élites plus responsables et ouvrir les marchés des pays riches aux exportations des pays en développement.
Mais il faut aussi ouvrir le débat. «Inclure dans la discussion les opposants qui acceptent le dialogue est un devoir», souligne Kaspar Villiger. Qui ne se contente pas de mots.
Un peu plus tôt dans la journée, le président de la Confédération avait, en effet, ouvert le Public Eye On Davos, une contre-conférence critique, organisée notamment par la Déclaration de Berne, une ONG suisse.
Ecouter. Et être attentif aux critiques. Cette préoccupation est revenue à maintes reprises, lors de la session d'ouverture de cette nouvelle édition du Forum économique mondial.
A cet égard, les propos tenus par son fondateur sont d'ailleurs éloquents. «En notre nom à tous, a déclaré Klaus Schwab, je voudrais tendre la main à ceux qui sont réunis dehors, afin que nous puissions ensemble trouver des solutions qui fonctionnent pour tous.»
Un acte d'amitié et de solidarité
Avec l'approbation des autorités, les premières manifestations se sont déroulées jeudi dans les rues de New York.
Un exemple avec ces quelques centaines de militants syndicalistes qui ont protesté devant un magasin de la chaîne de confection The Gap, sur la Cinquième avenue, à deux pas du palace où sont réunis les participants au Forum.
Une sorte d'apéritif au plat de résistance. Autrement dit, le rassemblement d'opposants à la globalisation - et donc au Forum - qui est attendu pour samedi.
Pour certains, le Forum économique mondial, c'est la bête noire. Mais pour Kaspar Villiger, c'est un lieu de débat, un espace qui est aussi ouvert aux avis critiques.
«Accueillir la critique, affirme le président de la Confédération, c'est faire preuve de responsabilité. Cette culture du dialogue, c'est l'esprit de Davos.»
L'ombre de Davos plane sur Manhattan
A des milliers de kilomètres de là, la petite ville grisonne n'est d'ailleurs pas complètement absente, dans les têtes et dans les cœurs.
Les participants ont ainsi interrompu Kaspar Villiger lorsqu'il a évoqué le retour de la réunion, en Suisse, l'année prochaine. Une sorte de plébiscite, peut-être.
Klaus Schwab a, d'ailleurs, tenu à rappeler le sens donné au déménagement de cette année: un acte d'amitié et de solidarité des Suisses à l'égard de New York et des Etats-Unis.
Un déménagement provisoire donc. N'en déplaise au maire de New York, Michael Bloomberg, qui a lancé jeudi soir: «allez skier en Suisse, mais laissez le Forum économique ici».
Pierre Gobet, envoyé spécial à New York

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