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«On liquide», et c'est dommage!

La fable animalière façon Maillefer et Jaccoud. Pénélope Henriod

A Lausanne, Denis Maillefer et son dramaturge Antoine Jaccoud portent à la scène le monde paysan, hélas en voie de disparition aujourd'hui.

Ce contenu a été publié le 02 novembre 2004

Dans un spectacle écrit sous forme de fable, le tandem place les agriculteurs face à un problème majeur: la mondialisation.

C'était il y a environ deux ans. En pays neuchâtelois, les agriculteurs avaient alors fait le blocus d'une centrale de la Migros pour protester contre la diminution du prix de la viande. A l'époque, un procès avait été engagé, suivi de très près par le metteur en scène Denis Maillefer et son dramaturge Antoine Jaccoud.

Le tandem lausannois, qui dans son travail commun s'est souvent penché sur l'identité suisse, ses caractéristiques, ses contradictions, envisageait donc de porter au théâtre l'affaire du blocus.

«Nous avions l'intention, raconte Maillefer, de monter un spectacle à partir des minutes du procès, en guise de témoignage».

Le choix de la fable

Mais très vite, l'idée, trop réaliste, apparaît comme fastidieuse aux deux collaborateurs qui préfèrent passer par la poésie pour parler des problèmes sociaux. Ils l'abandonnent donc et optent pour un spectacle narratif créé à partir d'un texte de Jaccoud, dont la forme épouse celle de la fable.

La fable, oui, à la manière d'un La Fontaine, pour évoquer l'immense bestiaire humain qui peuple notre planète. Avec, d'un côté, les inconditionnels de la globalisation; et de l'autre, leurs victimes: le cheval, la chèvre, le cochon et autres vaches à traire. Troupeaux sacrifiés, autant que leurs guides, les paysans, sur l'autel du libéralisme économique.

Aux paysans donc, Antoine Jaccoud consacre une tragédie à laquelle il donne la couleur d'un conte que Maillefer met en scène sous le titre «On liquide». Présentée à Lausanne du 2 au 21 novembre, cette création sera ensuite donnée à Genève à partir du 23 courant.

Un constat

On peut, dans ce contexte, imaginer aisément le tandem jouant les José Bové. «Mais non, avertit Maillefer que l'allusion amuse, ‘On liquide’ n'est pas un spectacle militant. Il s'agit plutôt d'un constat: la disparition progressive du monde paysan un peu partout en Europe, mais surtout dans notre pays. Ici, l'agriculture est un savoir-faire qui se transmet de père en fils depuis des générations».

Or, de cette transmission, qui a longtemps façonné l'identité suisse, il ne reste pratiquement rien aujourd'hui. Denis Maillefer déplore la mort de 2 ou 3 fermes par jour dans ce pays. «C'est énorme», observe le metteur en scène qui dans son spectacle veut, toutefois, éviter le ton compassionnel et nostalgique.

«Notre but, dit-il, c'est de parler des choix de vie et de société qui contribuent largement à la disparition des exploitations agricoles. Il n'y a pas que les décisions internationales qui pèsent sur ces choix. Il y a aussi l'élément individuel: notre façon de manger. Le consommateur exerce une influence considérable sur la marche du monde».

Alors, que faut-il faire? Changer les mentalités? Difficile, car les hommes de théâtre ne se veulent surtout pas des donneurs de leçons. Tout au plus, ils espèrent un sursaut de conscience en rappelant que la paysannerie c'est aussi le rapport charnel ou mystique que les Suisses entretiennent depuis toujours avec la terre.

swissinfo, Ghania Adamo

Faits

«On liquide»: pièce écrite par Antoine Jaccoud et mise en scène par Denis Maillefer.
A voir à Lausanne, Théâtre de l'Arsenic, du 2 au 21 novembre.
Puis à Genève, Théâtre Saint-Gervais, du 23 novembre au 5 décembre.

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