«Nous refusons de jouer les boucs émissaires»
Mises en cause dans l'échec de l'accord de transit Suisse-Sénégal, deux ONG suisses demandent que leur rôle soit examiné.
Elles se disent très surprises par le postulat d'une commission des Etats et refusent de jouer les boucs émissaires.
Le document signé à Dakar le 8 janvier prévoyait la possibilité pour Berne de renvoyer au Sénégal des demandeurs d'asile d'Afrique de l'Ouest déboutés, pour un maximum de 72 heures.
Cette procédure devait faciliter l'identification de personnes sans papiers et leur rapatriement. Le Sénégal a refusé le 3 mars de soumettre cet accord au Parlement.
«C'est ridicule d'affirmer que les ONG sont responsables de l'échec de cet accord», a affirmé mardi Hanni Lanz, membre de Solidarité sans frontières (Sosf), l'une des ONG suisses qui s'est mobilisée contre ce projet.
Sosf, associée à «Augenauf» et au journal «Vorwärts», a conseillé les ONG sénégalaises sur la manière de s'y opposer.
D'autres motifs
Selon Hanni Lanz, il y a plusieurs autres raisons qui expliquent le refus du Sénégal de soumettre l'accord au Parlement pour ratification.
Elle cite notamment des motifs liés à la politique de Dakar au sein de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et avec les pays voisins.
Par ailleurs, la population ne pouvait que s'opposer à ce genre de traité puisque quasiment chaque famille au Sénégal reçoit de l'argent d'un parent à l'étranger, poursuit Hanni Lanz. L'importante émigration représente un facteur économique essentiel dans ce pays.
De faux prétextes
La responsable soupçonne la commission de politique extérieure du Conseil des Etats de vouloir faire passer les ONG pour des boucs émissaires.
Elle revendique par ailleurs pour Solidarité sans frontières et «Augenauf» une totale indépendance d'action, les deux organisations ne recevant aucun soutien financier de la Confédération.
Pour le président de la Commission, Maximilian Reimann (UDC/AG), l'échec de l'accord entre la Suisse et le Sénégal soulève des questions quant aux activités des ONG dans le domaine de l'asile.
La commission a donc demandé au Conseil fédéral de clarifier le rôle qu'ont joué les organisations suisses opposées à cet accord et de préciser si elles sont soutenues par l'Etat.
Selon lui, il serait tout à fait anormal que des ONG financées par l'Etat contribuent à torpiller un accord négocié par la Suisse. Il attend de ces ONG une certaine «loyauté» envers l'Etat.
Le postulat va très probablement atterrir à l'Office fédéral des réfugiés (ODR), qui sera chargé d'y répondre, selon la responsable de presse à l'ODR. Pour l'heure, l'Office n'a fait aucune recherche sur les organisations qui ont critiqué l'accord.
swissinfo et les agences

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