«La Nuit des rois», entre éveil et rêve
Andrea Novicov crée à Lausanne la pièce de Shakespeare.
Et invite le public à partager avec ses acteurs les plaisirs que procure «la nuit».
On se souvient de la représentation colorée, pétillante et joyeuse que l'Anglais Dan Jemmett donnait de «La Nuit des rois» de Shakespeare, l'an dernier au Théâtre de Vidy.
Revoici cette même pièce dans la version d'Andrea Novicov, présentée à L'Arsenic (Lausanne) avec des choix esthétiques totalement différents. Pour le metteur en scène suisse et sa compagnie Angledange, «La Nuit» reste plutôt une comédie mélancolique où tout tourne autour de la recherche impossible de l'âme sœur.
«Son dénouement heureux est trompeur», précise Novicov qui voit dans le mariage des héros au dernier acte une fête greffée artificiellement sur la trame. Le reste est une course au travestissement où les personnages, jouant à défaire et refaire leur identité, n'ont que l'épaisseur du masque.
A commencer par Viola, jeune femme déguisée en page pour pouvoir séduire le duc Orsino qui, lui, n'a d'yeux que pour la comtesse Olivia éprise, quant à elle, d'un jeune marin supposé englouti par les flots.
De l'influence des Saturnales...
Pas de larmes pour autant dans la version de Novicov qui, même s'il considère «La Nuit» comme une douce mélancolie, n'exclut pas pour autant les plaisirs que celle-ci procure.
Mieux, il prend l'initiative de la prolonger jusqu'à l'aube proposant deux versions de la pièce. Une normale (du 8 au 17 janvier) et une longue (18 et 25 janvier) où «La Nuit» dure... toute une nuit avec 'guest star', 'performers', intermèdes musicaux...
Cette foire des sens est à mettre sur le compte des Saturnales, «période qui va de l'Avent jusqu'à la fin du mois de février et qui marque le passage d'une année à une autre».
On sait que Shakespeare fit jouer sa pièce durant l'Epiphanie. Or le choix des dates de représentation voulu par Novicov n'est pas innocent. «Lorsqu'on change d'année, précise-t-il, les règles se cassent. La veille du Nouvel an, on se fait des promesses d'avenir, on rêve. Et le lendemain, la réalité est là, effroyable dans sa brutalité».
«La Nuit des rois», c'est aussi l'histoire d'une humanité prise entre éveil et songe, entre conscience et inconscience.
swissinfo, Ghania Adamo
«La Nuit des rois ou ce que vous voudrez». Lausanne, Arsenic; version longue: 18 et 25 janvier; version normale: du 8 au 17 janvier. Tel: 021/625 11 36

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