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«Je me suis jeté par terre et j'ai fait le mort»

Konrad Studerus (Archives Keystone). Keystone

Konrad Studerus, député démocrate-chrétien, a vécu l'attaque du Parlement de Zoug. Quatorze personnes, des parlementaires cantonaux et des membres du gouvernement, ont été abattues jeudi matin par un forcené. Quatre autres ont été blessées. C'est donc le récit d'un survivant.

Ce contenu a été publié le 27 septembre 2001 minutes

Malgré ses lunettes démontées, des égratignures au visage et un veston troué de part en part, Konrad Studerus sait qu'il a eu beaucoup de chance, jeudi matin. Sur la terrasse d'un hôtel situé à quelques dizaines de mètres du lieu du massacre, il raconte. De manière à la fois incroyablement calme et précise.

Il est 10 heures et demi, nous sommes en pleine séance du Parlement. «J'ai entendu un claquement, mais je n'ai pas pensé qu'il s'agissait d'un coup de feu.» Konrad Studerus voit alors la porte s'ouvrir et l'un de ses collègues entrer, l'air complètement affolé.

Une femme s'écroule

Il voit aussi, à l'entrée, une femme s'écrouler par terre. «J'ai cru qu'elle s'était sentie mal. Mais en fait elle était morte.» Il se lève alors pour venir à son aide. «Cela m'a vraisemblablement sauvé, car je n'ai été qu'effleuré par un tir, alors que les deux personnes qui étaient derrière et celle qui était devant moi sont mortes.»

Le député se jette alors au sol et fait le mort. «Les tirs ont duré 4 ou 5 minutes, mais cela m'a semblé durer une heure.» Puis une explosion se produit. «Il y a eu beaucoup de fumée. Et l'homme n'arrêtait pas de crier: je cherche Bisig.» Robert Bisig : l'un des membres rescapés du gouvernement zougois. Les tirs se sont ensuite espacés.

«Une main m'a saisi»

«J'ai pensé: l'homme fait le tour de la pièce pour voir s'il y a encore des survivants, pour les achever. J'ai commencé à avoir terriblement peur. Et là une main a tout à coup émergé de derrière un pupitre et m'a saisi. Quelqu'un m'a traîné derrière ce pupitre, afin que je sois quelque peu à l'abri.»

Une minute encore et les tirs cessent. «Je me suis relevé et j'ai remarqué que cela brûlait en plusieurs endroits. Il y avait partout des morts et des gens sérieusement blessés. J'ai voulu apporter mon aide, mais je ne pouvais pas faire grand chose. C'est terrible : on ne peut absolument rien faire. On n'a pas du tout compris ce qui s'est passé.»

Pierre Gobet, Zoug

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